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La diversification des revenus des agriculteurs par l’agroforesterie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 148 (2010-2011) 1

Question écrite du 03/12/2010

  • de BOLLAND Marc
  • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

Un article de presse du journal « La libre Belgique » du 23 novembre dernier, a attiré mon attention sur l’agroforesterie, qui semble combiner différents avantages sur le plan économique (utilisation de la richesse de nos sols), écologique (paysages, tissu biologique et biodiversité) et social (diversification des revenus pour les agriculteurs).

Selon l’article, l’agroforesterie est promise à un bel avenir.

Néanmoins, les réglementations en matière agricole de la Région wallonne ne seraient pas encore adaptées à un développement de l’agroforesterie sur nos terres.

Ainsi, Monsieur le Ministre peut-il me dire si cette nouvelle source de diversification des revenus des agriculteurs a retenu son attention ou celle de ses services? De quelle manière? Avec quels objectifs?

Réponse du 27/12/2010

  • de LUTGEN Benoît

L’agroforesterie présente, tant du point en vue économique qu’écologique, des avantages et des inconvénients.

Au niveau économique, elle permet de produire du bois de qualité en pratiquant des tailles de formation et des élagages progressifs en hauteur. En milieu agricole, un suivi régulier peut être apporté grâce à la présence en permanence de l’agriculteur sur le terrain. Le bois d’élagage peut être utilisé comme bois-énergie ou transformé en « bois raméal fragmenté » pouvant servir de « mulching » ou être incorporé aux sols agricoles comme source de carbone. En outre, les systèmes agroforestiers peuvent fixer de 1,5 à 4 tonnes de carbone par hectare et par an. Les recherches menées en France montrent également que 100 hectares en agroforesterie donnent une biomasse globale équivalente à 135 hectares de cultures séparées de céréales et de bois.

Au niveau écologique, l’agroforesterie est intéressante en ce qui concerne les corridors de biodiversité et les zones refuges qu’ils représentent. L’agroforesterie constitue un frein à l’érosion des sols en constituant des obstacles au ruissellement des eaux et au vent. Les rendements globaux en culture ne sont pas diminués et un meilleur confort est apporté au bétail.

Par contre, le développement racinaire lié à l’agroforesterie limite son développement de par la difficulté et le coût de remise en état en vue d’un labour.

On constate dès lors que l’agroforesterie offre des avantages, mais que son développement reste toutefois marginal. Cela s’explique par le caractère particulier de ce système qui n’est pas bien adapté aux modes de production que nous connaissons en Wallonie. Cette pratique est possible dans le cadre règlementaire actuel, mais très peu d’agriculteurs en font usage. Pour être complet, j’ajouterai que dans le cadre du régime de paiement unique, les parcelles boisées avec une densité de moins de 50 arbres à l’hectare sont éligibles et peuvent activer les droits au paiement unique.

Les mesures d’aides spécifiques pourraient être réfléchies dans le cadre du nouveau programme de développement rural, comme je l’ai expliqué de façon détaillée à M. Dupriez le 8 novembre dernier en commission lorsqu’il m’interrogeait sur la création d’une nouvelle mesures agri-environnementale pour l’agroforesterie.

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Un commentaire

  1. Je remarque avec intérêt l’occurrence des questions au ministre sur le sujet de l’agr(oforesterie d’une part, et d’autre part sa réponse très positive dans l’ensemble. Elle reflète aussi la position d’une partie importante de l’administration qui voit le retour de l’arbre de façon très positive.
    Je pointe toutefois également que le ministre nous dit que l’agroforesterie ne serait pas bien adaptée à nos systèmes de production et qu’il faut voir là la raison de son faible développement. Je suis étonné car, à ma connaissance, à ce jour, aucune étude wallonne n’évalue l’adaptation à notre système de production.
    Je m’interroge donc, ne faudrait-il pas combler cette lacune ? Ne faut-il pas voir le faible développement de l’agroforesterie en Région Wallonne comme la conséquence du caractère nouveau des modèles développés actuellement ? L’agroforesterie étant très polymorphe, ne faut-il pas poser autrement la question et plutôt s’interroger sur les formes d’agroforesterie (association arbre-culture ou arbre-animal ; densité ; essence ; taillis linéaires, bandes boisées, linéaire de feuillus précieux ;…) les plus adaptées à nos systèmes de production et à nos conditions pédoclimatiques ?

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