ActualitésOpinions

FINANCEMENT DES CULTES : le débat va-t-il se crisper ?

culte-finDepuis la nomination de Mr Léonard à la tête de l’église catholique de Belgique, le moins que l’on puisse dire, c’est que ses propos font régulièrement l’actualité.

Je suis un peu surpris que l’on s’en étonne. En effet, Mr Léonard a au moins un mérite : celui de la clarté. Il exprime en effet clairement le point de vue du Vatican, et cela au moins on ne peut pas le lui reprocher.

Néanmoins, sur le fond, les propos sont souvent excessifs et témoignent de la part de l’église catholique, d’une telle certitude de détenir la vérité, que cela pose problème, tant par rapport aux questions abordées (rappelons la participation de Mr Léonard aux côtés de néo-nazis dans une manifestation demandant l’abrogation de la loi dépénalisant l’avortement), que par rapport au respect des autres sensibilités philosophiques.

Ces derniers jours, les propos scandaleux de Mr Léonard sur la justice immanente représentée par le SIDA ont fait réagir de nombreux citoyens de façon très hostile, en demandant notamment la fin du financement public de l’Eglise.

Sur le fond, je suis d’accord pour une révision globale de la règlementation mise en place par Napoléon il y a plus de 200 ans, lorsqu’il a monnayé son couronnement par le pape de l’époque.

Je suis d’ailleurs intervenu à ce sujet au parlement wallon et j’ai été entendu par le gouvernement, puisque le ministre Furlan s’est engagé à revoir le financement des fabriques d’église durant cette législature, soit avant 2014 (LIEN : Fabriques d’église : participation à l’effort général des pouvoirs publics face à la crise).

Néanmoins, sur la forme, je voudrais attirer  l’attention sur deux points importants :

  • l’église catholique est composée de croyants sincères ; tous ne se reconnaissent pas dans les propos outranciers et volontairement provocateurs de Mr Léonard, qui se positionne dans la course à la prochaine élection papale sans doute ; ces croyants ont droit au respect ;
  • la réforme du financement des cultes doit être un moment important, la question fondamentale n’étant pas de « casser du curé », mais bien de réfléchir à la meilleure manière pour que, collectivement, nous assurions à chacun la possibilité de mener son parcours philosophique de la façon la plus enrichissante possible.

La réforme du financement des cultes ne doit pas être une étape de « refus » ou de conflit dans notre histoire institutionnelle. Elle doit être une opportunité pour un meilleur « vivre ensemble ».

 

Marc BOLLAND
Député bourgmestre
17.10.2010

Afficher plus

Articles similaires

6 commentaires

  1. Peut-être pourrait-on demander à un bourgmestre,si répandu par ailleurs, d’ouvrir de temps en temps son dictionnaire. Il y découvrirait, de manière explicite, le sens qu’un « honnête homme » accorde à la notion de « justice immanente »: c’est la justice qui découle naturellement des actes accomplis, sans intervention extérieure. Le glouton risque l’indigestion, le chauffard, l’accident et
    un bourgmestre ignare, le ridicule. Mr. M.Bolland n’est pas un « honnête homme » et le scandale c’est qu’on puisse devenir bourgmeste sans l’être. Quand il laisse entendre en outre que Mgr. Léonard aurait des accointances avec les « néo-nazis », il nous rappelle une autre évidence à savoir qu’à la source de toute méchanceté gratuite, de tout propos calomnieux , il y a le plus souvent la bêtise. Et avec cela notre borgmestre se dit sensible au respect des autres.

  2. Défendre absolument la vie, y compris celle de l’embryon est un combat légitime et urgent même si ce n’est pas le vôtre. Mgr. Léonard participait à une manifestation ayant cet objectif: un combat pour la vie, un combat contre l’avortement. Laisser entendre, au motif qu’il se trouvait quelques néo-nazis dans cette manifestation, que Mgr. Léonard participait de leurs idées est une malhonnêteté intellectuelle . Mgr Léonard n’était pas aux côtés des néo-nazis, c’était ces derniers qui avaient infiltré cette manifestation. Quant à la définition de l' »honnête homme » vous la trouverez au dictionnaire. C’est l’homme normalement cultivé qui comprend les sens des mots qu’il emploie.Ce que manifestement vous ne voulez pas être par vos insinuations et vos raccourcis. Vous avez le respect des autres à la bouche, vous ne l’avez que là. La place me manque pour continuer…

  3. Cher Monsieur Collinet,

    Vos interventions sont à présent sur le site et s’exposent ainsi à des réactions bien évidemment . La censure n’existe pas à Blegny, mais les relations de bon voisinage bien ; mon mail à votre égard n’était envoyé que dans cet esprit, pour vous permettre de prendre du recul par rapport à la virulence de vos propos. Vous les confirmez et ils seront donc publiés.

    Défendre la vie est un droit et cette question est délicate, vous n’avez pas tort.

    Néanmoins, je ne retire rien de ce que j’ai écrit et du reste, en le relisant, il me semble que mon texte était un appel à plus de sérénité, malgré les provocations scandaleuses et maladroites du primat de Belgique. Je ne suis pas de ceux qui crient avec les loups .

    Apparemment, je ne suis pas le seul à penser cela et les réactions de ces derniers jours honorent l’église catholique.

    Je suis très déçu de vos attaques personnelles , d’autant plus que nous nous connaissons et vous connaissez la politique que je pratique sur le terrain vis-à-vis des fabriques d’église et de tous les autres cultes.

    Je suis soulagé de constater que vous n’avez rien à me reprocher quant à l’honnêteté : ne pas être de votre avis est il un crime ?

    Pensez vous vraiment que ce soit par des attaques aussi personnalisées que vous allez défendre votre point de vue ?

    De toute façon, je me tiens à votre entière disposition si vous souhaitez aller plus loin dans le débat.

    Bien à vous,

    Marc BOLLAND

  4. Monsieur Collinet,
    A lire vos réactions nul doute que votre église (Léonard and co) a réellement des difficultés à concevoir un dialogue correct avec notre société.
    Je suppose que votre justice immanente (d’accord pour le glouton et le chauffard mais pour ce qui est du bourgmestre et dans ce cas précis de M Bolland, je vous trouve méprisant et grossier) est aussi celle que vous voudriez voir d’application pour vos prélats, prêtres, professeurs et autres dirigeants de jeunesse impliqués dans les dossiers de pédophilie que votre église a cachés durant des décennies pour ne pas dire depuis la nuit de votre temps. Cette politique faite de censure interne, d’autoritarisme, de main mise sur les états et sur leurs institutions démocratiques sont à l’origine des « affaires » d’aujourd’hui et donc de la détresse des victimes des dérives de votre institution. Je suis un homme qui, je pense, a toujours essayé de prôner le respect des idées de l’autre, pratiquant l’ouverture, le débat et l’évolution de l’homme au travers des richesses profondes de l’autre. L’église catholique se doit, si elle ne veut pas s’enfermer et se couper du monde, écouter des hommes du style de M. Ringlet dont j’ai toujours apprécié le discours.
    Quant au financemement des cultes, je suis contre et un impôt dédicacé n’est pas pour moi une solution. Que ce soient les églises, temples, mosquées , synagogues, maisons de la laïcité ou autres ONG, je pense que cela relève du privé. Ma contribution à la gestion démocratique de la société par l’impôt se doit de rencontrer uniquement les besoins de cette société: écoles, institutions publiques, réseaux routiers, fluviaux, ferroviaires, …
    Me permettez-vous de vous poser 2 questions ?
    Pourriez-vous compléter votre propos « glouton, chauffard, bourgmestre  » avec les termes « le prêtre pédophile risque … » Et on ne parle que de risque(s) !!!
    Ne pensez-vous pas que votre église se laisse facilement infilter (néo-nazis, pédophiles …) ?
    Bien à vous.

  5. Seule l’éthique est universelle. Toute morale est relative. Hisser UNE morale au rang de l’éthique constitue non pas une malhonnèteté intéllectuelle mais une errance philosophique. La morale chrétienne n’est plus. La morale catholique en a pris la place, incarnée en cela par Benoit XVI et ses défenseurs, André-Joseph Léonard n’en étant pas le dernier. L’éthique humaine nous incite certes à respecter la Vie (La majuscule est intentionnelle) faute de quoi Celle-ci aurait disparu depuis longtemps et nous ne serions pas en situation de converser au moment présent. La morale de notre société et de notre époque nous incite à respecter la dignité de la vie. (La minuscule est intentionnelle). Mener une vie digne et encourager nos sociétés à respecter cette dignité conduit rationnellement à envisager, analyser, comprendre puis tolérer l’IVG ou l’euthanasie. Il est inhumain (càd contraire à la vie) de vouloir à tout prix défendre ce principe judéo chrétien qui veut que la souffrance (physique ET psychique) soit salvatrice. L’Homme n’est, de façon transcendantale, coupable de rien. Il n’a pas à assumer un quelconque péché originel pour le rachat duquel il doit nécessairement souffrir. L’Homme ne doit assumer la culpabilité de ses actes que dans les domaines civil et pénal dans le cadre unique de la transgression de son référentiel sociétal. Voilà pourquoi, dans sa dimension spirituelle, la doctrine de l’église catholique, apostolique et romaine est asservissante. Voilà pourquoi elle est fascisante (au sens historique du terme pour ceux et celles qui apprécient la précision sémantique. Le fascisme est la position philosophico-politique d’une Nation en colère. Par sa nature autoritaire, le fascisme est résolument anti démocratique. A l’heure actuelle, nous ne voyons plus une église défendant une doctrine basée sur l’Amour mais une doctrine articulée autour d’une colère phantasmée (le non respect de la Vie) et de l’autorité morale bafouée (le caractère dogmatique de toute religion). Merci à Monsieur Bolland de souligner le caractère honorable de la réponse critique du citoyen croyant et fidèle à sa Foi. C’est lui qui représente le caractère sacré de la chrétienté et non la hiérarchie profane qui pratique l’auto défense de ses propres prérogatives dont la vénalité n’a d’égal que l’inhumanité. Si l’Homme est son propre juge, je crains qu’André-Joseph Léonard, de façon mégalomaniaque ou paraphrénique, ne puisse que se situer au-delà de cette justice immanente (destinée à asservir l’Homme) pour ne se sentir redevable que de la justice transcendante (destinée à la sauvegarde de l’ordre confessionnel).

  6. Je ne ferai qu’un reproche à Mr Marc Bolland : son allusion au national socilalisme, c’est interpellant.
    Sinon, un très bon débat, écrit par des personnes cultivées et instruites. N’étant pas au niveau, je me contenterai de transcrire un petit texte tiré d’une revue neutre, sans l’accord de l’auteur et qui traite de la pédo dans l’Eglise. Ecrit par un ancien Député.
    Arrêtez le massacre! Non les prêtres des années 50 et 60 ne formaient pas une bande de pédophiles potentiels sexuellement immatures, comme certains essaient de le faire croire aujourd’hui. Au contraire, puisque l’occasion m’en est donnée par les attaques brutales dont notre Eglise est la cible ces temps derniers, je veux témoigner ici de ma profonde reconnaissance et de la tendresse respestueuse que j’éprouve encore et à jamais, pour ces hommes qui ont consacré toute leur vie, sans compter leurs heures ni ménager leurs efforts, à mon instruction, et à celle de mes frères, de mes amis et de générations d’enfants qui ont connus la même chance que nous. Ce n’est évidemment pas parce que la toute grande majorité d’entre eux étaient d’admirables maîtres qu’i faille excuser l’inexcusable. Par ailleurs, la guerre est bien ouverte contre l’Eglise par tous les laïcistes qui se croient autorisés à lui faire la leçon en ces honteuses circonstances. Pourtant la sagesse, la justice pour l’avenir, n’est pas d’accabler l’Eglise ni qui que ce soit d’autre. Notre société vient de se découvrir une pathologie : la pédophilie est en elle, comme un cancer dont les métastases touchent tous les organes, des prêtres scélérats n’étant que les révélateurs spectaculaires d’un mal généralisé. Ecrit par un ancien député.
    Ecrit dans un language simple, on peut méditer les mots, les phrases, et y découvrir un peut de clarté.

    Il y avait d’autres accords, plus discrets entre Napoléon et le Pape : les indemnisations et les réparations des destructions et dégradations des biens de l’Eglise causées par les révolutionnaires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page