Idées du mercredi : pour un plan Marshall de l’enseignement !
Notre enseignement fondamental ne va pas bien.
Comment expliquer le taux de réussite de 94% au CEB (certificat d’études de base) et le taux d’échec énorme dans les études supérieures (jusqu’à 90% en 1ère année de médecine), par exemple ?
Comment expliquer le décalage de plus en plus grand entre les besoins de la société (besoins des entreprises par exemple), et les formations scolaires de base ?
Etc., etc., …
C’est un problème majeur car, à tout le moins :
- il est indigne : l’enseignement doit redevenir ce merveilleux outil d’égalité des chances qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être ;
- il devient impayable : le dysfonctionnement se paie à trois niveaux au moins : au sein de l’enseignement (coût de l’enseignement, coût des échecs scolaires), au niveau du chômage (la formation inadaptée ou/et insuffisante ne conduit pas à l’emploi) ; au niveau de la formation (coût de la formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi qu’il faut reformer).
L’enseignement doit donc faire l’objet d’un véritable investissement prioritaire avec des objectifs précis : une véritable révolution culturelle, comme le plan Marshall l’a fait pour notre économie wallonne.
Pas de tabou, et un seul objectif : améliorer l’enseignement !
Dans ce contexte , quelques idées :
- abaissement de la scolarité obligatoire de 18 à 16 ans : dans beaucoup de filières, l’obligation scolaire actuelle oblige des jeunes à rester à l’école jusque 18 ans alors qu’ils sont en décrochage irrémédiable ; ils ne font donc que perdre leur temps et font perdre leur temps aux enseignants ; pourquoi ne pas leur permettre de se tourner vers des emplois apprentis plus facilement ? Cela leur permettra de ne pas plonger dans l’oisiveté nuisible d’une part, et d’autre part, cela libérera des emplois d’enseignants dont l’énergie est gaspillée (ou épuisée) pour recentrer ces énergies récupérées vers le nœud de l’égalité des chances (l’enseignement maternel et les premières années du primaire) ;
- ouvrir l’enseignement aux compétences extérieures : devant les difficultés de recruter des enseignants, les pouvoirs organisateurs doivent parfois engager des non enseignants bénéficiant d’expériences professionnelles diverses, mais souvent de haut niveau (par exemple, un ingénieur donne cours de mathématiques). Ce qui est vécu aujourd’hui comme un problème peut devenir un atout : favorisons la réorientation de ces compétences vers l’enseignement ! Ouvrons la carrière à ceux qui, bénéficiant d’une expérience professionnelle différente, désirent devenir enseignant ! Concrètement, leur permettre de bénéficier d’une grille d’ancienneté adaptée (sans devoir recommencer la carrière à zéro comme des débutants) serait un geste fort. (A LIRE : ENSEIGNEMENT : souplesse dans le statut des enseignants – blog : 25/10/2010) ;
- l’enseignement, surtout fondamental, est de plus en plus féminisé. Dans certaines écoles, il n’y a plus d’hommes instituteurs. Cela ne va pas : les enfants ont besoin de plusieurs modèles comportementaux, c’est une évidence. Les équipes pédagogiques gagneraient aussi à être davantage équilibrées. Dés lors, il faut mettre en place des quotas : par exemple, 25% d’hommes au moins dans toutes les écoles (à recruter par exemple via l’ouverture de l’enseignement aux compétences extérieures). (A LIRE : ENSEIGNEMENT : parité entre hommes et femmes dans l’enseignement – blog : 26/10/2011) ;
- révolutionner l’apprentissage des langues : il ne faut négliger aucun atout, notamment l’apport possible des langues régionales afin de décrisper l’apprentissage chez les plus jeunes (A LIRE : LANGUES : les langues régionales peuvent aider à créer un état d’esprit multilingue – blog : 14/05/2013) ; mais surtout il faut généraliser l’immersion linguistique : celle-ci est l’exception, elle doit devenir la règle (A LIRE : Apprentissage des langues : où en est-on ? – blog : 15/01/2010).
Ces mesures, relativement simples, permettraient sans doute de créer de nouvelles dynamiques positives au sein des communautés scolaires.
Qu’en pensez-vous ?
Marc BOLLAND
Député wallon
Enfin une réflexion intelligente et attendue depuis longtemps