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Les cormorans

   Session : 2009-2010
   Année : 2010
   Numéro : 273 (2009-2010) 1

Question écrite du 31/03/2010

de
BOLLAND Marc
à
LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

Monsieur le Ministre a déjà eu l’occasion d’évoquer à de multiples reprises la réglementation au sujet des cormorans. Ceux-ci sont en effet une espèce protégée.

Néanmoins, à la reprise de la saison de pêche, les pêcheurs se montrent de plus en plus inquiets: les populations de cormorans augmentent et semblent devenir de plus en plus voraces.

Si le cormoran est une espèce protégée, Monsieur le Ministre sait que la législation européenne permet dans certains cas de lutter contre leur prolifération.

Disposons-nous d’éléments objectifs suffisants dans cette matière ? Quelle est l’évolution de la population des cormorans? Quel est l’impact sur les espèces de poissons, notamment les ombres qui ont été les victimes de ces oiseaux voraces et qui sont en voie de disparition dans l’Ourthe et en Basse-Meuse ?

Par ailleurs, Monsieur le Ministre avait annoncé (en réponse à ma question orale du 20 octobre 2009) qu’il prendrait certaines mesures inspirées d’expériences menées dans d’autres états européens. Où en est sa réflexion à ce sujet?

Je sais que Monsieur le Ministre est sensible aux problèmes rencontrés par les pêcheurs, tout en veillant à la biodiversité : ici, la biodiversité, ce n’est pas la protection du cormoran; c’est plutôt le cormoran qui menace la biodiversité.

Je ne doute pas que Monsieur le Ministre examinera à nouveau ce dossier avec attention.

 
Réponse du 19/04/2010

Sur base des informations transmises par l’administration, je puis informer des éléments suivants :

à l’échelle européenne, la population est estimée à 1,2 million d’individus ;
les différents moyens de régulation mis en ?uvre jusqu’à présent (huilage d’?ufs, régulation d’adultes, ?) n’ont pas permis de réduire significativement les effectifs en Europe ;
selon un rapport d’experts de l’administration européenne de l’environnement :
1) il est utopique de viser une réduction globale de la population tant que les ressources alimentaires ne constituent pas un facteur limitant ;
2) il faut plutôt viser à limiter l’augmentation des effectifs et gérer localement les situations problématiques ;
en Région wallonne, nous observons principalement des effectifs hivernants :
1) leur nombre global a diminué ces deux dernières années : 2400 individus ont été dénombrés pour la Région wallonne et la Région bruxelloise lors du recensement de janvier 2008 ;
2) le nombre de «zones dortoirs » augmente ; ceci traduit une dispersion des individus et il en résulte une augmentation des problèmes de cohabitation car les oiseaux fréquentent davantage les petits plans d’eau, les piscicultures, les rivières, ?

Concrètement, je rappelle les différentes mesures que j’ai déjà prises pour réguler les populations de cormorans et limiter l’impact pour les pisciculteurs et la pêche en Wallonie.

1.Dès 2005, j’ai donné instruction au DNF de délivrer des autorisations de régulation de cormorans dans les piscicultures et pêcheries ainsi que dans le milieu naturel pour protéger les frayères à ombres et truites.

En 2008 :
18 demandes,
17 dérogations accordées,
3 limitées à l’effarouchement,
14 autorisant le tir létal pour un total de 400 unités,

En 2009 :
24 demandes,
23 dérogations accordées,
4 limitées à l’effarouchement,
19 autorisant le tir létal pour un total de 679 unités,

2.J’ai donné instruction à l’Administration d’apporter systématiquement aux acteurs confrontés aux dégâts d’oiseaux piscivores une aide technique dans la recherche de solutions de prévention contre ces dégâts.

3.J’ai pris les dispositions pour que les pisciculteurs exerçant à titre complémentaire puissent également être indemnisés vis-à-vis des dégâts occasionnés par les oiseaux piscivores dans leur exploitation.

En ce qui concerne le plan de gestion européen :

des représentants des Etats membres ont été conviés à deux reprises à des réunions d’échange sur le sujet ;
compte tenu du cadre légal, la Commission européenne n’est pas habilitée à imposer aux Etats membres de pratiquer le tir d’une espèce ; chaque Etat a la responsabilité de gérer lui-même les dérogations qu’il octroie en application de son cadre légal ;
la Commission s’est proposée pour apporter un appui aux opérations de comptage et pour encadrer l’octroi des dérogations (notamment par la détermination de conditions) ;
les échanges ont aussi mis en évidence que le tir létal doit autant que possible être combiné à d’autres moyens tels que de la prévention.

Tant la commission européenne que l’administration régionale et moi-même sommes conscients du problème posé par les cormorans et souhaitons combiner tous les moyens existants afin d’atténuer l’impact de cette espèce sur la préservation des ressources halieutiques de notre région.

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