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Accès à l’alimentation en Région wallonne

Accès à l’alimentation en Région wallonne
   Session : 2009-2010
   Année : 2010
   Numéro : 55 (2009-2010) 1

Question écrite du 29/01/2010

de
BOLLAND Marc
à
TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Egalité des chances

J’aurais souhaité aborder avec Madame la Ministre la problématique de l’accès à l’alimentation en Région wallonne. En effet, cette question qui relève des droits fondamentaux humains retient très souvent notre attention en ce qui concerne les pays émergents ravagés par des famines, qu’elles soient liées aux guerres, aux sécheresses ou aux catastrophes naturelles.

La faim est souvent associée à la pauvreté qui en est non seulement une des causes mais aussi une des conséquences. La faim engourdit l’intellect et affaiblit la productivité, empêchant les personnes qu’elles touchent de réaliser pleinement leur potentiel.

Dès 1966, les Nations Unies distinguent le droit d’être à l’abri de la faim; qui est un droit fondamental, du droit à une nourriture suffisante. Dans le cadre de cette deuxième notion, les États doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour encourager la pleine jouissance du droit à une nourriture suffisante pour chaque habitant de leur territoire. En d’autres termes, les gens doivent avoir un accès physique et économique, à tout moment, à une nourriture de qualité adéquate en quantité suffisante pour mener une vie saine et active.

Or il semble qu’aujourd’hui plus personne ne soit à l’abri, à un moment donné de son existence, de la faim. Les populations précarisées sont bien entendu les plus exposées, mais des éléments nouveaux peuvent mettre en péril l’équilibre alimentaire de toute notre Région. En effet, dans le cadre de la mondialisation, l’accessibilité aux ressources alimentaires est de plus en plus menacée par l’instabilité des prix, des marchés ou encore des circuits de distribution.

Malgré l’accord de coopération passé entre l’ensemble des niveaux de pouvoir belges en mai 1998 relatif à la continuité de la politique en matière de pauvreté, il semble bien que les efforts majeurs se concentrent sur d’autres thématiques que l’alimentation.

J’aurais donc souhaité faire le point avec elle sur cette problématique. Madame la Ministre dispose-t-elle à l’heure actuelle d’une représentation chiffrée des personnes souffrant de la faim en Wallonie ? Quelle en est la répartition géographique ?

Quels sont les dispositifs existant aujourd’hui sur lesquels ces personnes peuvent s’appuyer ? Quels sont les outils complémentaires qu’elle souhaiterait développer à court, moyen et long terme ?

A-t-elle éventuellement mis sur pied des dispositifs en collaboration avec les autres niveaux de pouvoir afin de lutter contre ce phénomène ?

Réponse du 17/02/2010

Tout d’abord que l’honorable Membre me permette de rappeler quelques données clés susceptibles de mettre sa question en perspective sur le plan international.

Selon les Nations Unies, la faim se caractérise essentiellement par une sous-alimentation, c’est-à-dire une consommation alimentaire qui fournit un apport de calories en deçà du minimum requis pour une vie active.

La prévalence de la sous-alimentation est mesurée sur la base de la proportion de la population d’un pays qui est sous-alimentée. Plus la prévalence est élevée, plus le problème est généralisé.

Cinq catégories ont été définies pour mesurer l’état de la faim dans le monde allant de moins de 2,5 jusqu’à 35. C’est la première catégorie, définie comme un taux extrêmement faible qui s’applique pour la Belgique.

Notons, à titre d’exemple, que chaque habitant de l’Afrique sub-saharienne a une alimentation quotidienne qui correspond à 1.700 à 2.050 calories par jour. L’Inde et le Bangladesh réunis n’atteignent que 2.300 calories par jour et par habitant en moyenne tandis que les moyennes en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest sont de respectivement 3.600 et 3.500 calories.

L’accord de coopération du 5 mai 1998 auquel l’honorable Membre fait référence engage les parties signataires à poursuivre et à coordonner leurs politiques de prévention de la précarité d’existence, de lutte contre la pauvreté et d’intégration des personnes dans la société en vue de concrétiser les droits inscrits à l’article 23 de la Constitution.

L’évaluation des actions menées par chaque entité dans le cadre de cet accord de coopération fait l’objet d’un rapport bisannuel publié par le Centre pour l’Egalité des Chances que j’invite l’honorable Membre à consulter. La Région wallonne finance le Service de lutte contre la pauvreté, chargé de la coordination de cet accord, et est représentée au sein du Comité de gestion.

La solidarité, dans notre pays, est assurée par notre système de sécurité sociale qui assure un revenu de remplacement en cas de perte de salaire, prend en charge certaines charges sociales telles que l’éducation des enfants ou les frais de maladie et assure les prestations d’aide sociale en cas d’absence de tout type de revenu.

En Wallonie, ce sont principalement les CPAS qui assurent les prestations d’aide sociale et, avec le secteur associatif, développent des actions d’insertion sociale ou socioprofessionnelle visant à la réinsertion des publics les plus éloignés du marché du travail.

En principe, tout citoyen devrait disposer du minimum de moyens nécessaires à une vie conforme à la dignité humaine. Toutefois, 14 % des belges vivent sous le seuil de pauvreté et ils sont 17% en Wallonie.

De plus en plus, les CPAS sont amenés à prendre en charge des dépenses supplémentaires liées aux frais médicaux, au coût de l’énergie, à la distribution de produits alimentaires, à l’organisation de repas pour les plus démunis.

Dans un contexte de crise économique, cette tendance risque encore de s’amplifier.

Les CPAS bénéficient d’un agrément d’office auprès du Bureau d’intervention et de restitution chargé de la distribution des surplus alimentaires européens.

La Direction générale opérationnelle « Pouvoirs locaux, Action sociale et Santé » est aussi amenée à rendre un avis dans le cadre de l’agrément octroyé par le Bureau d’intervention et de restitution belge. Des associations sont soutenues et/ou agréées dans le cadre des politiques régionales en matière d’action sociale.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer en cette assemblée, l’évolution des finances des CPAS est intimement liée à l’évolution des finances communales. En Wallonie, la dotation versée par les communes aux CPAS pour combler leur déficit est en progression de 7,1 %.

Enfin, des initiatives prises par le secteur associatif en termes de distribution de vivres, de restaurants sociaux, sont soutenues par la Région wallonne par le biais des relais sociaux.

Je citerais à titre d’exemple, et sans être exhaustive, le ReVerVal à Verviers (Réseau verviétois d’accompagnement alimentaire) qui est une centrale de stockage de denrées à disposition des asbl membres du relais social, la Saint-Vincent de Paul qui distribue des colis alimentaires à Namur ou encore les restos du cœur.

L’honorable Membre le constate, les initiatives soutenues par la Région wallonne en la matière sont multiples et diversifiées.

 

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