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Les conséquences de la surmortalité des abeilles

   Session : 2009-2010
   Année : 2010
   Numéro : 327 (2009-2010) 1

Question écrite du 04/05/2010

de
BOLLAND Marc
à
LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

La problématique de la surmortalité des abeilles est un des marronniers de cette commission. Cette thématique n’est d’ailleurs pas neuve. Il y a près de 10 ans maintenant, à l’initiative entre autre, de notre collègue Léon Walry, notre Parlement a mené une réflexion profonde, structurée et efficace sur le sujet. Il est parfois utile de revoir ce type de méthodologie.

Pour en revenir à la problématique de la surmortalité des abeilles, il convient de rappeler que, bien sûr, la menace de disparition des abeilles pose un problème majeur de biodiversité. Mais il pose également un problème économique important, en ce qui concerne les entreprises du secteur arboricole et du secteur horticole : les abeilles sont en effet essentielles pour la pollinisation, aucune technique de pollinisation artificielle satisfaisante n’ayant pour l’instant été mise au point apparemment.

Monsieur le Ministre veut-il bien à ce sujet :

– faire part des informations dont il dispose, le secteur est-il victime de cette surmortalité ?

– le cas échéant envisage-t-il des mesures spécifiques de soutien au secteur ?

– me dire si au niveau de la recherche agricole, il contribue ou favorise des programmes de recherche scientifique relatifs à la pollinisation artificielle ?

Réponse du 12/05/2010

Le problème du dépérissement des abeilles reste un sujet de préoccupation dominant en apiculture, tant en Wallonie que dans beaucoup de régions du monde. Si l’année 2009 a été relativement clémente, 2010 apporte à nouveau son lot d’inquiétudes : sans atteindre les taux de 2008, les pertes de colonies wallonnes peuvent être considérées comme moyennes à importantes. Les dépérissements sont ponctuels mais massifs : les ruchers concernés sont en général décimés : de 50 à 100% des colonies ont dépéri. Les ruchers semblent touchés aléatoirement : aucune région n’est épargnée, même celles (Ardenne, Gaume) où les grandes cultures sont peu présentes.

Le niveau de compétence de l’apiculteur n’est pas à mettre en cause : des apiculteurs très pointus en sont victimes. Le phénomène est très difficile à appréhender vu les multiples facteurs qui sont supposés à sa source. Trois pistes se dégagent cependant tant de la littérature internationale que des constats que l’on peut faire en Wallonie, à savoir les virus, les contaminants issus de l’environnement (pesticides notamment) et la diminution de la diversité alimentaire au niveau des protéines (qualité du pollen).

Je soutiens depuis début 2009 un projet d’encadrement des apiculteurs, porté par le Centre apicole de Recherche et d’Information (CARI) basé à Louvain-la-Neuve, dont un des objectifs est de tenter de cerner l’origine du problème des mortalités ou d’affaiblissement des colonies. Il s’agit dans un premier temps d’inciter les apiculteurs ayant constaté des pertes anormales à se signaler auprès du CARI ; un suivi personnalisé est alors effectué pour tenter d’en déterminer les causes ; la Faculté de Gembloux (Prof. Eric Haubruge) est étroitement impliquée dans la démarche.

Hélas, force est de constater que les déclarations de pertes spontanées demeurent rares : de nombreuses victimes préfèrent demeurer dans l’ombre, écrasées par un sentiment de culpabilité ou par crainte de réactions disproportionnées des autorités publiques. Une attention particulière devra vraisemblablement être apportée à la réalisation d’analyses pour discriminer, parmi les trois causes évoquées, celle qui est (principalement) responsable des dépérissements signalés.

Il est à noter que le problème des virus évoqués ci-dessus est étroitement associé à la varroase, maladie provoquée par un acarien parasite non naturel de l’abeille mellifère, le Varroa destructor. Ce parasite nécessite une lutte constante afin d’éviter la mortalité des colonies. Le projet d’encadrement susmentionné doit aider les apiculteurs à faire face à ce parasite. Cet aspect est également prévu dans un projet de programme national de 3 ans (2010-2013) qui devrait être cofinancé par l’Union européenne en application d’une mesure prévue par le Règlement (CE) n° 1234/2007 et exécuté en Région wallonne par le CARI. Trois objectifs prioritaires, en rapport avec la lutte contre la varroase, seraient visés :
– favoriser la mise en place de colonies plus résistantes ;
– assurer un suivi de l’évolution des populations de varroas au fil des années avec un système d’alerte en cas de situation inquiétante ;
– faciliter la mise en ?uvre des moyens de luttes (produits vétérinaires notamment) les moins préjudiciables pour la qualité des productions et présentant une efficacité suffisante.

Ce programme prévoit également une mesure de soutien au repeuplement des ruchers pour permettre aux apiculteurs de reconstituer rapidement leur cheptel en cas de pertes importantes.

Peu de recherches ont été faites, à ce jour, en matière de pollinisation artificielle. La pollinisation manuelle est possible dans certains cas mais son coût est disproportionné par rapport à la valeur commerciale finale de la production et ne peut être utilisée pour des productions à haute valeur ajoutée. De plus, le mécanisme de la pollinisation est complexe. Il varie fortement d’une espèce à l’autre et même d’une variété à l’autre.

Certaines variétés de poiriers et de cerisiers sont partiellement parthénocarpiques, c’est à dire qu’ils peuvent développer un fruit sans fécondation et in fine sans graines. On peut provoquer la parthénocarpie sur n’importe quelle plante à l’aide d’agents chimiques, telles des hormones végétales comme les gibbérellines ou les auxines. Ces produits sont pulvérisés sur les plants et provoquent la mise à fruit.

Dans le cadre des appels à projets 2010, l’administration a sélectionné et retenu un projet de recherche de 220.000 euros qui vise l’évaluation et la mise au point de voies de fécondation artificielle en poiriers. Cette évaluation devra encore être soumise au COERA (Comité d’Evaluation de la Recherche Agronomique) avant de pouvoir faire l’objet d’une décision de financement de ma part

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