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La réforme de la promotion de l’agriculture

la réforme de la promotion de l’agriculture
   Session : 2009-2010
   Année : 2010
   Numéro : 215 (2009-2010) 1

Question écrite du 24/02/2010

de
BOLLAND Marc
à
LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l’Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

Les derniers mois ont permis, pour ceux qui n’en avaient pas encore conscience, de comprendre ce quelle était l’ampleur du malaise agricole. Lorsqu’un entrepreneur se lève tous les matins de l’année pour traire ses vaches et que, quoi qu’il arrive, il perd de l’argent, on ne peut qu’admirer son courage mais également se poser la question du bien fondé de la continuité d’une telle entreprise.

Je pense également que la crise du lait a mis en évidence un manquement criant dans notre politique agricole : le manque de vision de la promotion de l’agriculture et des denrées qu’elle produit.

Il n’entre pas dans mes intentions de jouer au procureur et de dire si tel ou tel est responsable de la situation, je constate simplement un manque de vision à long terme et surtout, dans ce contexte difficile, des initiatives, louables certes, mais qui vont dans tous les sens sans une vision globale de l’agriculture wallonne, de sa production et de son intégration dans la chaîne de distribution commerciale.

Je ne vous cacherai pas que ce sentiment n’a été que renforcé par la lecture d’un article du journal Vers l’Avenir qui titrait : « La Région ne subventionnera pas de lait? luxembourgeois ». Avec tout le respect que j’ai pour nos amis luxembourgeois, j’aurais tendance à dire : encore heureux.

Dans cet article, on nous apprend que la coopérative « faircoop », composée d’agriculteurs wallons, va lancer un lait équitable en supermarché en mars prochain. Belle initiative, soutenue par la Région mais à laquelle aucune laiterie wallonne n’a voulu participer ! Monsieur le Ministre confirme-t-il ces informations ? Le cas échéant, je suis outré du manque de soutien des laiteries aux producteurs.

Et donc, ce sera une laiterie luxembourgeoise qui assurera la récolte et le conditionnement de ce lait. Comment, dès lors, peut-on être certain que les subsides régionaux ne seront accordés qu’au lait produit en Région wallonne ? Quel organisme sera chargé du contrôle ? Que se passera-t-il en cas de fraude avérée ?

Par ailleurs, n’y a-t-il pas là, une forme de concurrence avec une autre initiative, soutenue par l’Apaq-W, et donc la Région, qui est la promotion de « la bande des félait » ?

Cet exemple illustre, à mes yeux, toute la problématique de la politique de promotion :

– On agit dans l’urgence sans vision à long terme;
– Manque de coordination entre les actions déjà menées et de nouvelles initiatives.

Au-delà des réformes de structures (relations AWEX/Apaq-W, relations APAQ-W avec d’autres opérateurs comme les ASBL « accueil champêtres » ou « OPW »?), Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer quelle est sa vision de la promotion de l’agriculture wallonne et de l’intégration dans notre société ? Quels sont ses objectifs en la matière ? Quelle sera la méthode pour y arriver ?

En tant que nouveau parlementaire, j’ai compris que Monsieur le Ministre ne s’enferme pas dans des agendas précis, ce que je comprends. Néanmoins, si ce n’est pas un agenda précis que je lui demande, c’est un échéancier avec vos objectifs pour que dans 4 ans, nous puissions relire ce paragraphe de la DPR : « Pour promouvoir la consommation des produits wallons, le Gouvernement s’engage à adapter le décret relatif à la promotion des produits agricoles afin de faire de l’APAQ-W la structure de promotion unique des produits agricoles wallons et de l’image de l’agriculture. Son financement sera assuré par des fonds publics proportionnels aux apports privés issus des cotisations de secteur », et nous dire que nous avons atteint notre objectif.

Réponse du 10/03/2010

Si je peux partager l’analyse factuelle que fait l’honorable Membre, je ne le suis toutefois pas sur la causalité qu’il établit.

Une chose est la politique de promotion de l’agriculture et des produits agricoles. Elle doit se faire avec l’ensemble des acteurs économiques dans un principe d’équité et en définissant une série de priorités. Le rôle de la Région ne peut être de soutenir une marque en particulier, ce que le Commission européenne, le cas échéant, ne manquerait pas de nous reprocher.

Une autre chose est l’encouragement que les pouvoirs publics doivent donner aux agriculteurs afin qu’ils améliorent la compétitivité de leur entreprise. Dans ce but, j’ai pris, depuis de nombreuses années, des initiatives pour soutenir la diversification des exploitations agricoles :
– aide aux investissements de diversification;
– tourisme à la ferme;
– encadrement et conseil techniques pour les circuits-courts;
– etc.

Il y a effectivement une mesure complémentaire qui a été prise dans le cadre de la crise du lait et qui se veut un signal au secteur : c’est la mesure des « 1.000 euros » qui encourage tous les producteurs laitiers à se réapproprier l’importante question de la valorisation de leur production.

Cette dernière mesure décidée par le Gouvernement wallon le 24 septembre dernier et modalisée par l’arrêté ministériel du 11 novembre correspond à un budget de 4,4 millions d’euros. Elle doit permettre aux producteurs laitiers qui le souhaitent de les aider à valoriser davantage leur production, soit en circuit court (dépenses de marketing, par exemple) soit par le biais d’une coopérative (développement d’un projet collectif de transformation ou de commercialisation du lait). Cette aide à la transformation ou à la commercialisation de produits laitiers concerne bien évidemment les produits « issus de l’exploitation » et donc, par nature, du lait wallon.

L’aide est octroyée à un producteur de lait et non à une entreprise de transformation. À chaque producteur laitier de faire son choix.

Le contrôle de la mesure relève des missions normales de l’administration.

Pour ma part, j’estime que le rôle des pouvoirs publics n’est pas de se substituer aux acteurs économiques. A lire les journaux, aucune laiterie belge n’aurait accepté de conditionner le lait équitable proposé par une coopérative regroupant quelques 250 producteurs laitiers. J’ignore les motivations réelles d’un tel refus.

En ce qui concerne la marque « Bande des Félait » dont la création remonte à quelques années déjà, elle appartient effectivement à la Région wallonne mais elle est concédée à une laiterie qui en assure la gestion et la promotion dans le cadre d’un contrat strictement défini.

L’honorable Membre a cité la DPR et ses objectifs précis. Je me réjouis que, lors des négociations de l’Olivier, nous ayons pu inscrire la nécessaire réforme de l’APAQ-W parmi les priorités du chapitre « Agriculture ».

La nouvelle APAQ-W doit se construire comme le trait d’union entre les agriculteurs et les citoyens-consommateurs.

 

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