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CONSTRUIRE UNE COMMUNAUTE DE DESTIN, allocution de rentrée parlementaire du député Marc BOLLAND, 8 septembre 2012

Rentrée parlementaire 2012 – 2013 – allocution du député Marc BOLLAND, 8 septembre 2012

Mesdames, Messieurs ,

Dans quelques jours, ce sera la rentrée du parlement wallon.

C’est l’occasion de se pencher sur les dossiers que les parlementaires devront aborder.

De toute évidence, il en est un qui est incontournable : s’il n’y avait que celui-là, il pourrait déjà à lui seul occuper tous les travaux.

Il s’agit de l’objectif « Wallonie 2022 ».

Suite aux accords sur la réforme de l’Etat, la Wallonie va recevoir dés 2014 de nouvelles compétences à gérer en toute autonomie.  La réforme contribuera à déplacer le centre de gravité de l’Etat fédéral vers les Régions, tout simplement, c’est dire si ces nouvelles compétences seront importantes en quantité et en qualité.

C’est une bonne chose : je suis de ceux qui pensent que la Wallonie et les wallons ont tout à gagner à gérer leur avenir eux mêmes.

Pour financer les compétences régionales, il existe une clé de financement . Actuellement, les régions ne disposent quasiment pas de pouvoir fiscal . C’est donc l’Etat fédéral qui perçoit les impôts et qui , ensuite, les répartit entre les régions. Cette répartition s’effectue sur base d’une série de critères qui sont repris dans ce qu’on appelle « la loi de financement ».

Cette loi de financement va être révisée en profondeur et intégrer une phase de transition. Conséquence : à partir de 2022, la Wallonie ne pourra plus compter sur des transferts nord – sud ; elle ne pourra plus compter que sur elle-même !

La Wallonie n’a donc plus le choix : nous avons encore 9 ans devant nous, ce qui est très court.

9 ans pour quoi faire ?

9 ans pour moderniser et améliorer l’efficacité de la Wallonie.

9 ans pour construire un avenir, un projet, une communauté de destin pour tous les habitants de la Wallonie.

L’enjeu est historique, absolument.

Sur le fond, le gouvernement, avec l’aide d’experts extérieurs, planche sur un « plan 2022 ». Ce plan semble très bien construit et est déjà salué comme un outil de travail de qualité. Tant mieux, car, des réformes audacieuses, il en faudra, ne jouons pas la politique de l’autruche : dans l’enseignement, dans les hopitaux, dans nos outils de financement,…

Mais ce plan, il devra être mobilisateur pour réussir : il ne se fera pas sans les wallons, mais avec les wallons.

Pour mobiliser les wallons, il faut une ambition collective, un axe visible qui catalyse autour de lui les espoirs, les envies, les désirs d’avenir.

Il en est un qui doit retenir notre attention : il faut placer la Wallonie au cœur de l’Europe.

Nous avons tous les atouts pour que demain, tous les pays européens pensent à la Wallonie , pour que la Wallonie brille sur la carte du continent : notre savoir faire, notre positionnement géographique, notre capacité économique, notre dynamisme, nos capacités de sympathie et de convivialité, …

La Wallonie pour cela, doit développer une politique de relations internationales beaucoup plus entreprenante que ce que nous faisons aujourd’hui.

Il y a déjà beaucoup de choses qui ont été mises en œuvre, pour développer la visibilité de notre région (Awex, branding…). Il faut maintenant franchir le pas : ne soyons pas timides, soyons légitimement ambitieux ! La Wallonie doit briller au cœur de l’Europe !

Pour cela, je propose à nouveau deux axes concrets et je demande au gouvernement wallon d’y travailler :

a)     Avec les pays et régions voisins, dans le cadre de nos compétences régionales, nous devons approfondir nos traités, pour nous rapprocher plus fortement notamment du modèle économique allemand ;

b)     Avec les petits pays européens et les régions disposant de l’autonomie suffisante, la Wallonie doit prendre l’initiative de constituer un noyau moteur, qui relancera la construction européenne, qui s’est enlisée ces dernières années dans une forme de confédération technocrate trop lointaine des populations ; c’est ce que j’appelle l’esprit BENELUX, tel que l’a appliqué à l’époque la Belgique, contribuant ainsi largement à la création de l’Union européenne.

Ces objectifs, ils sont ambitieux mais  ils sont à notre portée.

Cette volonté de visibilité européenne renforcera le désir d’avenir commun des wallons, pourra les mobiliser vers la construction de cette communauté de destin que nous devons maintenant mettre en œuvre.

Cette volonté de visibilité européenne, évidemment, nous mettra aussi en lumière devant les investisseurs internationaux, et cela aussi nous en avons besoin.

Sans la mobilisation et la motivation de tous les wallons, nous ne construirons pas 2022.

Sans l’adhésion des Wallons, nous ne saurons pas mettre en œuvre les réformes audacieuses dont nous avons besoin.

Parmi ces réformes, il en est une qu’en tant que bourgmestre, je voudrais évoquer plus particulièrement avec vous.

Ces dernieres années, on a beaucoup évoqué  le redécoupage du territoire, sur base de communautés urbaines.

Sur ce dossier, comme sur les autres,  tous les wallons doivent se sentir concernés, qu’ils habitent à la campagne ou en ville.

Dans ce dossier, j’ai observé depuis quelques années, beaucoup de tensions, beaucoup de malentendus, comme si tout se faisait les uns contre les autres, certains cherchant pour des raisons de pouvoir à tirer la couverture à eux.

Ce débat vaut mieux que cela, car il n’est pas question ici d’opposer les rats des villes aux rats des champs.

Après quelques mois de débat, il semble bien que tout le monde retombe sur terre et envisage les choses de façon pragmatique : d’ailleurs, les seules avancées significatives sont celles, très pragmatiques, qui ont été mises en œuvre par la Province, dans le cadre du territoire provincial, au travers de projets concrets (des marchés publics communs par exemple), et de la coordination des pouvoirs locaux.

C’est ce modèle qui s’imposera naturellement.

Mais soyons clairs. Et pour être clairs, il suffit de répondre à 3 questions :

1-les centres urbains ont un rôle moteur évident dans le développement wallon ;

2- une communauté urbaine, néanmoins, ce n’est pas refinancer les villes sur le dos des communes rurales . Il faut un pacte équilibré de développement , les intérêts étant complémentaires : les villes doivent densifier leurs populations ; les campagnes doivent préserver leur caractère rural ou semi rural. Tout le monde doit y gagner dans son cadre de vie spécifique ;

3-pour contribuer à cet équilibre, indispensable pour la réussite globale de tous, les communes semi rurales doivent d’abord prendre conscience que , face à certaines problématiques, elles ne peuvent agir efficacement seules .  Je pense au commerce de proximité, à la mobilité, au logement, à l’agriculture, à l’urbanisation harmonieuse des territoires…

Les communes semi rurales doivent se décrisper par rapport aux initiatives de supra communalité.

Elles doivent donc accepter de travailler ensemble, avec les communes qui, sur ces problèmes, ont des intérêts similaires. Ensemble, on est plus forts, on est plus efficaces.

Pour contribuer à une meilleure mobilisation du territoire, objectif avoué et clair du gouvernement wallon, les communes semi rurales doivent s’associer au sein de ce que l’on peut appeler des bassins de vie.

En ce qui me concerne, si les blegnytois me confirment dans le rôle de bourgmestre qui est le mien lors des prochaines élections communales, je prendrai contact dés l’installation des nouveaux collèges, avec les bourgmestres de Herve, Soumagne, Dalhem, Thimister Clermont et Aubel, pour leur proposer la mise en œuvre progressive du bassin de vie de la Berwinne. Ces communes partagent le même désir que nous : garder des villages semi ruraux, vivants, agréables. Nous pouvons y travailler ensemble, en renforçant nos propres efforts dégagés au niveau local, par ceux que nous pourrons mettre en œuvre ensemble.

Il appartient aux bourgmestres de prendre leurs responsabilités pour défendre les intérêts de leur commune, mais aussi désormais, pour contribuer au mouvement d’ensemble qui doit permettre à la Wallonie de construire son avenir.

Cela m’amène évidemment à dire un mot des élections communales qui vont se dérouler dans un mois.

Je voudrais surtout ici saluer tous ceux qui ont eu le courage nécessaire pour se présenter comme candidat sur une liste. Etre candidat, c’est déjà un engagement. Un engagement important qui témoigne de l’attachement qu’ils ont chacun à la vie de leur village. Je les félicite et je les encourage à continuer.

Faites vivre nos villages ! Ayez de l’ambition ! De l’ambition collective !

Les élections communales et provinciales, c’est un moment de proximité, c’est un moment de fraternité, c’est LE moment où nous devons nous parler, échanger nos idées, construire la communauté de destin qui nous unit.  Défendons toutes et tous nos valeurs, nos projets, nos idées. Mais, au-delà de ce qui nous différencie les uns des autres, n’oublions jamais ce qui nous rassemble. C’est par la démocratie, clé de voute de la cohésion sociale que les Wallons construirons leur destin commun.

Alors, au travail !

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