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Y aura-t-il encore une place pour le sport cycliste en Wallonie demain ?

Le sport cycliste est un des sports les plus populaires dans nos régions. Au-delà des évènements marquants (Tour de France, flèche wallonne, Liège Bastogne Liège,…), tout au long de l’année, ce sont des dizaines et des dizaines de manifestations qui ont lieu et qui réunissent pacifiquement des dizaines de milliers de sportifs et de spectateurs : randonnées cyclotouristiques, compétitions d’amateurs (de jeunes, débutants, juniors, mais aussi d’adultes au sein de diverses structures), compétitions professionnelles.

Sans parler des manifestations sportives en dehors du cyclisme sur route, qui elles aussi rencontrent un succès croissant, en VTT et en BMX tout particulièrement.

Comme dans toutes les activités, les organisateurs doivent faire face à plusieurs difficultés, notamment sur le plan administratif. Par ailleurs, il est de plus en plus difficile de trouver des bénévoles pour s’investir dans la gestion de clubs et de manifestations, même si, dans le milieu des amateurs de vélo, l’enthousiasme existant et le caractère très populaire dans tous les sens du terme du sport cycliste viennent souvent compenser  cet inconvénient.

Mais en ce qui concerne les manifestations cyclistes utilisant la voie publique, la situation se complique et risque à moyen terme de devenir ingérable si on n’y est pas attentif.

De plus en plus de Bourgmestres en effet, interdisent les manifestations cyclistes sur route.

Il y a trois raisons qui les motivent :

1-d’abord, les dérangements occasionnés aux usagers de la route, car organiser une manifestation sur la voie publique, c’est évidemment  changer les habitudes des usagers, même si ce n’est que pendant une durée très limitée ;

2-des raisons de sécurité ensuite : les Bourgmestres sont responsables civilement et surtout pénalement des accidents survenus sur les voiries de leur territoire et la jurisprudence est sans pitié à leur égard, leur imposant quasiment une obligation de résultat ; cela les incite à la prudence, et sans doute dans certains cas, à trop de prudence ; l’obligation dite de précaution risque toujours de devenir source de paralysie ;

3-enfin, une raison budgétaire : une manifestation cycliste sur la voie publique implique ipso facto la mise en œuvre de moyens policiers, notamment du personnel ; ces services coûtent et ce surcoût est supporté par les zones de police, donc directement en réalité par les communes.

L’autonomie communale est ce qu’elle est mais néanmoins, dans la mesure où de plus en plus de bourgmestres interdisent des manifestations cyclistes sur la voirie publique, ne sont-elles pas condamnées à disparaitre ?

Ce serait évidemment une situation non seulement regrettable mais absolument inacceptable.

A tout le moins pour deux raisons : alors que l’on préconise la pratique sportive de façon générale, voilà un sport non violent qui serait condamné alors qu’il est populaire et accessible à tous ; par ailleurs, il est clair que les grandes manifestations cyclistes contribuent de façon très positive à l’image de marque de notre région au niveau international : la Wallonie peut-elle se payer le luxe de se passer de cet atout ?

Récemment, pour l’organisation de la Flèche Wallonne, course de niveau international suivie en direct partout dans le monde, une commune a décidé de subordonner le passage de la course sur son territoire au paiement d’une redevance de… 587 €  pour compenser le coût de la sécurité !

Outre le fait que cette décision est illégale (cf « POLICE : la facturation de certains services de police administrative est illégale »), elle crée un engrenage qui peut se révéler dévastateur : si toutes les communes font de même, c’est la mort du sport cycliste !

C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase !

Les problèmes existent c’est évident, mais il faut les mettre sur la table et les traiter avec un but : maintenir et développer l’activité cycliste en Wallonie !

Dans un premier temps, j’interrogerai le Ministre de tutelle des communes Paul Furlan, lors de la prochaine commission du Parlement wallon qui aura lieu le 30 avril : comment réagit-il face aux décisions illégales de certaines communes ? Que compte-t-il faire pour éviter que la vision individualiste d’une commune puisse nuire à l’intérêt général ?

En fonction de sa réponse, le point sera fait et des initiatives pourront être prises avec d’autres parlementaires pour, avec les interlocuteurs concernés, mettre les problèmes sur la table et les résoudre.

Le sport cycliste est un outil d’éducation populaire, il contribue largement à l’image de marque de notre région, il fait partie de nos traditions profondes : il doit être défendu !

18 avril 2013

Marc BOLLAND

Député wallon

 

 

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2 commentaires

  1. Oui, il faut maintenir l’activité cycliste en Wallonie non seulement parce qu’elle contribue à notre image de marque mais aussi, et cela me semble très important, c’est le seul sport qui ne coûte rien au public, pas de tickets d’entrée, pas de places réservées aux VIP mais la joie d’être tous au bord de la route exprimant notre bonheur en applaudissant tous ces courageux cyclistes.

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