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ECONOMIE : spéculation criminelle : stop à l’impunité !

Les spéculateurs guettent les faiblesses des Etats, et si il faut, ils en inventent.

Ils spéculent ensuite sur la dette souveraine (la dette des Etats) et déstabilisent les Etats en provoquant en plus des plans d’austérité que paieront les contribuables. Les mêmes contribuables qui ont déjà payé une fois pour sauver les banques et le système financier de la crise dans laquelle ils s’étaient mis tout seuls par cupidité.

Quel scandale !

Jusqu’à présent, les réactions ne manquent pas, notamment au niveau européen.

Mais, même si il faut leur reconnaître certains mérites, ces réactions restent dans un cadre idéologique coincé : « il faut écouter les marchés »,  « il faut faire plaisir aux marchés », etc…

Il est évident que dans notre type d’économie, les marchés, c’est important. Néanmoins, s’attaquer à des Etats, en les déstabilisant, c’est un crime, car c’est un acte hautement attentatoire à l’ordre public et à la cohésion sociale.

En plus des mesures de prévention et de régulation bien nécessaires (et là aussi, on peut faire preuve d’un peu plus d’imagination, je montre quelques exemples dans l’article repris en annexe), il faut donc inscrire dans notre code pénal que la spéculation excessive contre les Etats est un crime.

Choquant ? Excessif ? Absolument pas. Au contraire, très logique et très raisonnable.

Si on compare avec un autre mécanisme habituel de nos économies de marché, la vente, la comparaison est éclairante . La vente est un acte normal dans une économie de marché, mais l’abus de confiance et l’escroquerie sont des crimes.

Il en est de même pour la spéculation : c’est un acte normal, mais la spéculation excessive et sans limite contre la dette des Etats, c’est un crime.

Il est temps de mettre fin à l’impunité des grands criminels sans pudeur.

LIEN : « Spéculation criminelle : stop à l’impunité ! », La Libre Entreprise, 24 décembre 2010, page 8

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2 commentaires

  1. Monsieur Bolland,
    fils, et petit-fils de vrais militants socialistes, je suis donc tombé dans la marmite quand j’étais petit. J’ai été « enfant prévoyant », j’ai été secrétaire puis président de mon USC pendant 15 ans. Puis j’ai abandonné. Déçu, dégoûté de tant d’indifférence. Là, franchement, vous me redonnez espoir. L’espoir d’un vrai militant socialiste qui pose les vraies questions et ne craint pas de le dire. Bravo, Camarade (et voilà plus de 20 ans que je n’ai pas appelé quelq’un comme cela). Vous avez 1000 fois raison, votre réflexion tape en plein dans le mille. Merci et bon courage, car je sais par expérience qu’il n’est pas facile d’avoir raison chez nous…

  2. Cher Marc,
    Je te remercie pour m’avoir adressé copie de ta carte blanche. J’en apprécie la clarté, la rigueur et l’engagement. Il est essentiel que des mandataires politiques se mouillent pour dénoncer, non la spéculation en tant que telle comme tu le soulignes d’ailleurs, mais bien une dérive spéculative contraire à l’ordre public, cette dérive débordant la spéculation sur la dette des États.
    Je suis d’autant plus sensibilisé par le sujet que j’ai moi-même écrit une carte de blanche dans le Soir en décembre 2008 (voir en pièce jointe) et que je suis invité au 57e Congrès international des économistes de langue française (AIELF) qui se tient en Croatie en mai 2011 pour présenter une conférence intitulée  » Quelle place réservée à l’éthique dans le chaos économique ».
    Sans revenir point par point sur ta carte blanche dont, je le répète, j’apprécie la trame, je te soumets quelques remarques non exhaustives, principalement développées dans la 2e partie de mon livre  » Le chômage, une fatalité? Pourquoi et comment l’éradiquer. »

    1. On ne peut attendre d’un comportement économique qu’il soit moral ou immoral, il est amoral. Bien sûr, lorsqu’il s’agit d’un être humain censé avoir un référentiel moral, l’agent économique peut se montrer intrinsèquement immoral comme certains spéculateurs que tu épingles, comme ces responsables de faillites bancaires s’octroyant des parachutes dorés avant de fuir la débâcle, ou comme les bonus gigantesques octroyés aux traders bancaires sur plus-values réalisées sans devoir supporter les moins-values avec les conséquences que l’on sait.
    Mais parce que l’homme vit en société, sa gouvernance ne peut se réduire au seul comportement économique amoral. Il s’en suivrait l’anarchie, la corruption et des crimes fondés sur la loi du plus fort. Dès lors s’impose la gouvernance propre à l’ordre politico-juridique. On imagine difficilement une société qui n’aurait pas déterminé ce qui est juste et bon pour l’ensemble des individus et pour chacun en particulier. Toute gouvernance doit s’inspirer d’un référentiel éthique pour fixer le cadre au sein duquel se déploie l’ordre économique que l’on peut d’ailleurs étendre à la science et à la technique. C’est pourquoi une hiérarchie des ordres est essentielle. L’ordre politico-juridique sur base du choix éthique déterminera le cadre (et donc la régulation économique), au sein duquel se déploie l’activité économique. Une « économie éthique » ressortit par conséquent à l’ ordre éthique que le politique impose à l’économique.
    Concrètement, pour éviter la spéculation sur la dette des pays de la zone euro, la solidarité entre pays s’impose. Van Rompuy y a bien contribué! Mais ce qu’il faudrait c’est que la Banque centrale européenne soit le seul rempart de l’euro. Dans une Europe fédérale, cela impliquerait par exemple, que tout emprunt d’un État soit garanti par la Banque centrale européenne ou mieux encore que l’Europe (la zone euro) dans son ensemble soit le débiteur des dettes centralisées en euro, chaque État membre restant évidemment redevable vis-à-vis de l’État-Europe pour les emprunts dont il est à l’origine. En conséquence, les dettes publiques des États membres ne seraient plus exposées à la spéculation à titre individuel.

    2. Mais cette condition implique aussi une discipline budgétaire des États membres de la zone euro, discipline qui postule une convergence des politiques économiques et sociales des différents États. On en est encore loin!
    Autrement dit, ce n’est pas parce que la hiérarchie des ordres que j’ai évoquée confère à l’ordre politico-juridique autorité sur l’ordre économique qu’il peut ignorer le fonctionnement de l’économie dont il faut sauvegarder l’efficacité à court et long terme. C’est d’ailleurs l’esprit des accords de Maastricht ( dette<60% du PIB et Déficit budgétaire < 3% du PIB). -a)L'idée générale est que toute politique ne peut compromettre le futur par une préférence exacerbée pour le bien être présent. Ainsi, la gestion publique ne devrait pouvoir s'endetter que pour financer des dépenses qui profitent aux générations futures (infrastructure,...et investissement de toute sorte, y compris l'enseignement et la formation qui constituent des investissements à long terme!) avec un souci d'efficacité. -b)Tout comme pour le comportement des créanciers et débiteurs individuels, il est normal que le créancier augmente le taux d'intérêt des emprunts si la capacité de remboursement du débiteur est compromise. Tout comme il est souhaitable pour les deux parties que le créancier exige du débiteur vivant au dessus de ses moyens, une réorganisation de la gestion de ses recettes et de ses dépenses. Certes, pour revenir à la macroéconomie, les mesures d'austérité peuvent compromettre la croissance (raisonnement faisant référence à l'économie keynésienne). Toutefois ce raisonnement ne peut impliquer une absence de redressement budgétaire dont il faut définir le chemin d'"équilibre" pour qu'il soit soutenable à court terme avec pour objectif de préserver le long terme. De toute manière, des efforts s'imposent pour réparer la dérive antérieure. 3. Les situations d'endettement excessif par rapport à la richesse créée ouvrent nécessairement le champ à la spéculation qui s'engouffre là où il y a incertitude mais qui plus est, aujourd'hui, est à même d'amplifier arbitrairement l'incertitude. Il convient de s'interroger sur ce phénomène et ne pas se tromper de cible en levant la confusion qui existe trop souvent entre le laisser-faire et le marché. Le marché concurrentiel et régulé là où c’est nécessaire est le meilleur garant de l’efficacité et de l’équité. En terme de spéculation, la théorie économique démontre que s'il y a suffisamment de concurrence entre spéculateurs, c'est à dire une concurrence telle qu'aucun n'est à même à lui seul d'influencer le prix des titres et biens sur lesquels il spécule, le résultat de la spéculation est dans ce cas et dans ce cas seulement salutaire à l'économie, car il donne une idée de ce que seront les prix dans le futur, ce qui permet aux investisseurs non-spéculateurs d'ajuster leurs décisions. Mais, ce marché concurrentiel suppose qu’il y ait toujours un grand nombre d’acteurs tant du côté de l’offre que du côté de la demande. Si ce marché concurrentiel a en commun avec le laisser-faire la liberté d’entreprendre, il s’en distingue fondamentalement car le laisser-faire conduit progressivement à la suppression de la concurrence pour imposer cartels et monopoles. Le marché libre tue le marché ! Ce qu'il faut condamner, ce n'est pas le marché concurrentiel mais le laisser-faire qui transforme le marché concurrentiel en oligopoles et/ou monopoles capables d'assujettir les prix ( pour notre problème, les taux d'intérêt) à un rapport de dominance au seul profit de quelques uns sans se soucier de l'intérêt général car le comportement économique est amoral. En définitive, le principal argument pour justifier la régulation de la puissance publique c'est d'opposer un contre pouvoir aux acteurs qui, grâce au laisser-faire, bénéficient de cette situation dominante. Excuse-moi pour la longueur de ma réaction. je me suis laissé emporter par ma pensée. Une excellente année 2011 pendant laquelle d'autres combats, institutionnels ceux-là, nous attendent! Amitiés Jules GAZON

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