Parlement Wallon - Q.E.

La réaffectation de conteneurs marins en logements

  • Session : 2013-2014
  • Année : 2014
  • N° : 234 (2013-2014) 1

Question écrite du 16/12/2013

  • de BOLLAND Marc
  • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
Les moyens disponibles ne permettent pas, malgré les efforts entrepris, de faire face à la demande en matière de logements sociaux.

Ces dernières semaines on a beaucoup parlé dans la presse de logements à très faibles coûts réalisés à partir de conteneurs marins.

Il s’agit de conteneurs dont l’espace est aménagé en petits logements et dont le coût unitaire avoisine les 35 000 euros.

Ces logements se sont fortement développés aux Pays-Bas et l’université de Liège vient d’en acheter apparemment une centaine pour des kots d’étudiants.

Cette ouverture technique présente évidemment des inconvénients, mais n’est-elle pas une des pistes à suivre pour le logement social ?

Qu’en pense Monsieur le Ministre ?

Réponse du 06/01/2014

  • de NOLLET Jean-Marc
Le recyclage de conteneurs pour en faire des bâtiments s’est médiatisé depuis les années 2005 lorsque des artistes et architectes les ont utilisés pour réaliser des ateliers, des lieux d’exposition et des magasins. Avant cela, des compagnies minières et des forces armées les ont utilisés comme bâtiments un peu partout dans le monde. Ils ont été aménagés tout d’abord pour construire des ateliers et des locaux techniques, puis ont connu un développement en termes de logement, principalement sous forme de dortoirs.

Le concept a ensuite évolué vers des containers mieux finis permettant de créer du logement pour étudiants.

L’intérêt majeur du concept vient de la possibilité d’empiler les modules et de les déplacer. En effet, on ne peut pas parler davantage en termes de prix de revient, qui, pour atteindre un confort égal (sanitaires, électricité, isolation,?), est quasi identique à celui nécessaire à une construction traditionnelle. Les autres avantages résident dans la rapidité d’installation de systèmes préfabriqués et autoporteurs qui permettent de les déplacer ou de les démonter aisément.

Si les projets réalisés aux Pays-Bas semblent satisfaire aux normes locales, l’expérience de la résidence universitaire du Havre, inaugurée en août 2010 sous le nom « résidence à’docks » incite à la prudence. En effet, cet ensemble d’habitats collectifs répondant aux normes françaises de construction s’est avéré plus coûteux que prévu et n’a pas généré d’économie par rapport à un système traditionnel. Les occupants étant, par ailleurs, peu satisfaits des qualités des logements réalisés.

Par ailleurs, si certaines entreprises proposent effectivement de recycler des containers ayant servi au transport, la plupart font spécifiquement fabriquer des containers afin de les vendre comme bâtiment. C’est ainsi qu’à l’heure actuelle, une des filières est basée sur la construction intégrale de containers en Inde, en ce compris les finitions intérieures. Cette filière met en avant la garantie de l’absence de risque de contamination des structures par des produits qui y auraient été transportés.

La durée de vie de ces habitats n’est, par ailleurs, pas encore connue avec certitude. Or, cela importe beaucoup dans les calculs d’investissement.

Néanmoins, cette solution peut répondre à des situations particulières. Je considère donc que l’on peut envisager d’étudier de nouveaux projets d’habitat basé sur des containers, mais il faut rester actuellement dans une logique d’habitat expérimental.

Cependant, je suis, à ce stade, assez réservé sur le fait de considérer que cette approche doit être utilisée pour du logement qualifié de « social ». Tant pour les raisons de coût et de technique évoqués ci-avant, que pour l’image relativement peu valorisante que ces containers peuvent véhiculer auprès des habitants.

Ce qui est symboliquement acceptable pour un résident temporaire comme un étudiant, ou qui a du sens dans un contexte portuaire comme aux Pays-Bas, l’est plus difficilement pour un ménage en résidence permanente, et aurait peu de sens dans une zone au caractère rural marqué.

Je défends l’idée que les ménages ne peuvent se sentir stigmatisés par l’architecture dans laquelle ils résident, a fortiori lorsqu’ils n’ont pas le choix de leur logement.

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